Lucas Eugène Scott


crédits : tumblr.

"tu es ma seule lucidité dans cet infini chaos"

Ҩ voici mon histoire

« - Luke, viens te coucher.
- J'arrive, tout de suite Pey'. Juste une seconde. »

Je ne sais pas pourquoi j'observe encore cette image. Une vieille photo, de vieux souvenirs. Un groupe d'ado, tout sourire. Un parc près d'un fleuve, des battle de baskets à ne plus s'en finir. D'agréables instants, des prises de têtes. J'ai l'impression de ressentir encore le doux parfum du goudron mouillé après une soirée de pluie. J'ai encore la sensation d'être entouré de ces gens. Et puis, je réalise que c'est toujours le cas. Je souris, faiblement. Il y a dans ma vie ce goût d'inachevé, comme lorsque l'on commence un récit sans trouver la force de l'achever, cette page blanche qui hante tous les écrivains, qui me hante. Alors je soupire, et dépose ce souvenir, près de l'âtre, sur la cheminée. Destins croisés, vies entremêlées, nous étions forts, nous étions bien. Et nous avons grandi. Tout le monde part un jour, j'étais parti, moi aussi. La main sur l'âtre, les yeux fixant le feu dans la cheminée, je souris à nouveau. La chaleur m'ennivre, la chaleur m'idolâtre et, pendant quelques instants encore, je vole, je survole. Et sa voix me ramène à la réalité.

« - Je suis prête à parier que tu marmonnes encore devant cette photo ignoble prise sur le terrain près du fleuve, à la fin de nos études. Arrête de te torturer ainsi avec notre passé Luke. »

J'étouffe un petit rire amusé, elle me connaît si bien, elle sait tout, toujours. Alors je prends de quoi étouffer les dernières flames qui, épuisées, s'éteignent gentiment. Je déboutonne ma chemise et rejoins ma femme dans la chambre. Sur le seuil de la porte, je l'obsèrve, amusé. Elle est allongée sur le ventre, sa peau nue recouverte du fin tissu de notre couverture. Elle dessine, ses cheveux bouclés sont détachés et perlent sur sa nuque, enjôleurs, aguicheurs. Je souris, fier, heureux. J'ôte ma chemise et la jette sur ma vieille chaise de bureau, cette chaise dont je n'ai jamais su me débarasser. Le bruit la fait sursauter, elle se retourne et me sourit.

« - Tu as enfin décidé d'abandonner ton passé pour t'occuper un peu de ton présent. »

Je déboutonne mon jean, m'en débarasse et la rejoint. Je me penche en avant pour capturer ses lèvres, ramenant son corps nu contre le mien, cherchant un chemin à travers sa tignasse sauvage. Elle a le goût des murs sauvages, délectables. Je suis amoureux d'elle, depuis toujours. Je l'ai toujours été, je le serais toujours.

« - Je t'aime Lucas Eugène Scott.
- Je t'aime aussi, Peyton Sawyer Scott. »

Cette nuit-là, nous avons fait l'amour. Je me souviens avoir cherché ses lèvres avec tant d'ardeurs que tous mes muscles en tremblaient, je me souviens aussi avoir caresser sa peau avec douceur et sensualité, veillant à ne pas la blesser, comme on veille à ne pas froisser un drap, à ne pas briser un diamant. Je me rappelle l'avoir observé, ensuite, s'allonger, reposant sa tête sur ma poitrine. Je sais que cette nuit-là, comme beaucoup d'autres, elle s'est assoupie au rythme des battements de mon coeur. Ces mêmes battements qui n'existaient que grâce à elle, depuis toujours. Je suis resté allongé quelques instants, à l'observer, amusé. La vie avait ce pouvoir étrange de rendre tous nos rêves accessibles, si seulement on s'en donnait les moyens. Quelque part, j'avais toujours désiré la vie que je menais aujourd'hui, je ne m'en étais juste jamais vraiment rendu compte. Mais lorsque mon regard se posait sur Peyton, lorsque nos mains se joignaient, lorsque nos lèvres se touchaient, c'était mon univers qui basculait, tout entier. J'étais aujourd'hui exactement là où mon coeur avait toujours souhaité être ; Tree Hill ! Et puis, à mon tour, je me suis assoupi... Cette nuit-là, je n'ai pas rêvé. Je ne rêvais plus puisque mon unique rêve était aujourd'hui mon quotidien. Cette vie que je menais auprès des miens, auprès de Peyton.

* * * *

« - Tu as bien dormi, Pey' ?
- Comme toutes les nuits. J'espère ne pas avoir trop remué durant la nuit ?!?
- Ne t'inquiète pas, j'ai pris l'habitude. Recevoir des coups ne me fait plus peur. »

Un sourire taquin, un baiser échangé rapidement, je la regarde, les mains solidement attachées à la poêle dont je me sers pour nous préparer le petit-déjeuner. Ma femme vient de se réveiller, les cheveux en bataille, ne portant qu'un t-shirt trop grand pour elle, mon t-shirt, elle s'assied à notre table et me sourit. Un sourire qui, je le sais, est sincère. Après tant d'épreuves, nous avons trouvé une stabilité, nous avons trouvé notre stabilité. Nous sommes heureux aujourd'hui, plus que nous n'aurions pu l'espérer. Elle est mienne, je suis sien. Alors nos regards se mêlent, et j'aperçois dans le sien tous nos souvenirs. De notre rencontre à nos coups de gueules, de notre premier baiser échangé dans un motel miteux à notre première fois. Dans ses yeux, je lis la tendresse qu'elle me porte, mais aussi la force dont elle fait preuve, dont elle a fait preuve. Quoi qu'il se soit passé entre nous, je ne regrette rien. De Brooke à Lindsay, je n'en ai jamais aimé qu'une seule, et cette femme est aujourd'hui ma femme.

« - Je te prépare des pancakes.
- J'ai épousé l'homme parfait.
- C'est grâce à toi que je suis comme ça. »

Je me retourne, alerte. Je sens son regard glisser sur moi, je souris. La fenêtre en face de moi m'offre un spectacle enchanteur. Dans cette rue, j'ai grandi, dans cette maison, j'ai tout appris. Haley, Nathan, ma vie entière est ancrée à Tree Hill. J'ai cherché longtemps ma place, du basket à ma maison d'édition, j'ai longtemps hésité. Je suis revenu, tout m'avait manqué... Et lorsque je jette un oeil à ma vie, aujourd'hui, je dois vous avouer que j'en suis fier. Malgré les épreuves, je suis toujours resté fidèle à l'homme que j'étais, à l'homme que je voulais être. Je n'ai jamais eu la condécendance de mon père, son mutisme et son nombrilisme, je suis allé à bonne école. Ma mère m'a tout appris, elle était seule dans son rôle mais elle l'a toujours revendiqué, fièrement. Malgré mes déboirs, malgré mes expériences, je suis resté fidèle à l'image qu'elle avait de moi. Je le sais. Alors aujourd'hui, lorsque je prends le temps de réfléchir à mon existence, je ne peux m'empêcher de ressentir une immense fierté... Fier d'avoir épousé la femme que j'aime, fier d'avoir des amis sur qui compter, fier de m'entendre aussi bien avec mon frère et surtout, fier d'être resté aussi proche de mes valeurs, des mes idéaux...

« - Quel est ton programme aujourd'hui, sweety ?
- T'aimer bien plus encore qu'hier, et profiter de cette journée pour te le prouver.
- Quel délicieux programme. »

Sans bruit, elle m'a rejoint, sans bruit, elle encercle mon corps de ses bras et sans bruit, elle dépose un baiser dans mon coup. Gloussant à ma remarque, je me retourne et dépose un baiser furtif sur ses lèvres. Ce qui, pour beaucoup d'entre vous, pourrait ressembler à une journée routinière et banale est, pour moi, l'accomplissement de tous mes rêves les plus chers. Je n'écris plus depuis plusieurs mois, l'inspiration me manque, alors j'ai retrouvé mon poste de coach sportif. Je sais qu'un jour, je publierais un best-seller, comme mon tout premier livre l'a été, je garde la foi. Je ne peux douter puisque j'ai autour de moi tout ce dont j'ai besoin pour évoluer dans les meilleures conditions. Amoureux fou, ma vie est parfaite. Oui, vous avez le droit de m'envier. Je m'appelle Lucas Eugène Scott, et j'ai la vie la plus excitante, stimulante et agréable qui soit !